- Avec nos pensées, nous créons le monde -

Internet

AdNauseam : l’extension rebelle qui noie les publicités dans un océan de faux clics

AdNauseam

Vous vous rendez à un bal masqué où chaque invité décide non seulement de porter un masque, mais aussi de semer la pagaille en se déguisant en plusieurs sosies, rendant impossible tout repérage. Voilà un peu ce qu’AdNauseam propose pour votre navigation web. Pas seulement bloquer les publicités, mais brouiller les pistes à un point tel que les traqueurs publicitaires se mordent la queue. On va voir ensemble la mécanique interne de cette extension pas comme les autres, ses forces, faiblesses, sa lutte farouche contre les géants de la pub, et pourquoi elle pourrait bien être l’arme offensive des internautes soucieux de leur vie privée.

AdNauseam : présentation et contexte

AdNauseam est une extension open-source, née de l’imagination et du travail de chercheurs comme Daniel Howe et Helen Nissenbaum, engagés dans la lutte contre la surveillance de masse et le fichage numérique. Plus qu’un simple bloqueur de pubs, elle agit comme un véritable cheval de Troie, saturant les bases de données publicitaires avec des clics factices générés automatiquement. Une extension pensée pour Firefox, Opera, et Chromium (bien que bannie du Chrome Web Store, sujet que nous aborderons en fin d’article), organisée comme un outil militant et technique à la fois.

Comment fonctionne AdNauseam ?

Techniquement, AdNauseam s’appuie sur un bloqueur classique que vous connaissez sans doute (uBlock Origin) pour filtrer les publicités visibles. Ensuite, elle ajoute sa touche spéciale : elle collecte ces pubs dans un « AdVault » sécurisé, et simule en tâche de fond des clics automatiques sur toutes ces annonces. Pas d’ouverture intempestive de fenêtres ou de code malveillant, la magie opère en coulisse pour brouiller les données de traçage.

Concrètement, chaque fois que vous naviguez, AdNauseam cache les annonces à vos yeux (via CSS). Et clique « virtuellement » sur toutes ces publicités, créant un brouillard de données contradictoires. Elle empêche ainsi les algorithmes publicitaires de profiler correctement vos centres d’intérêt, rendant votre portrait numérique aussi confus qu’un caméléon dans une boîte de crayons de couleur. En plus, elle bloque les cookies et gère les trackers, participant à votre anonymat numérique.​

Installation et pré-requis

Compatible avec Firefox, Opera, et Chromium (manuellement installé à cause de sa suppression du Chrome Web Store), AdNauseam s’installe comme toute extension classique sur Firefox et Opera, depuis leur bibliothèque d’extensions. Pour Chromium, il faut user du mode développeur et installer manuellement via GitHub, technique à réserver aux plus courageux.

Il est recommandé de ne pas coupler AdNauseam avec d’autres bloqueurs pour éviter les conflits. Après installation, une configuration rapide vous permet d’activer toutes les options, notamment la simulation automatique des clics et le filtrage optimal. Le tout en quelques clics, et sans vraie lourdeur pour la navigation, bien que l’activité de clics automatiques consomme un peu plus de ressources.​ A surveiller si vous avez un forfait data limité.

Extension AdNauseam

Les soucis que l’extension résout

  • Surveillance publicitaire omniprésente : AdNauseam fait barrage non seulement en bloquant, mais en noircissant la toile de fausses données, perturbant les algorithmes les plus sophistiqués. Difficile de savoir ce qui vous intéresse comme annonces lorsque vous cliquez sur tout ce qui bouge ^^
  • Profilage et perte d’intimité : elle empêche l’affinage de votre profil par les plateformes publicitaires, soustrayant votre navigation aux radars du ciblage comportemental.
  • Click fraud et sécurité : même si elle réalise des clics automatiques, la technique est basée sur une simulation sans engagement réel de ressources ou risques de malwares, ce qui la distingue des véritables fraudes.
  • Fatigue publicitaire : elle agit comme un bouclier contre la lassitude et l’agacement causés par les pubs répétitives.

Ce sont autant de combats de l’ombre, invisibles mais essentiels pour la liberté numérique.​ Besoin d’une application de messagerie décentralisée, jetez un oeil à Bitchat.

AdNauseam vs les Ad-blockers classiques

CritèreAdNauseamuBlock Origin (et similaires)
Mode d’actionBloque + clique automatiquement sur pubsBloque simplement les pubs
Impact sur les donnéesCrée du « bruit » dans les données de clicsBloque les pubs sans générer de faux clics
Vitesse / PerformancePeut légèrement ralentir à cause des clicsTrès léger, optimisé
RisquesRisque théorique de click fraudRisques limités au non-affichage
PhilosophieObfuscation & désinformation activeFiltrage passif
CompatibilitéFirefox, Opera, Chromium (manuelle)Large majorité des navigateurs

AdNauseam pousse la protection plus loin en rajoutant une couche d’obfuscation, là où uBlock et ses amis se contentent de couper la source de la nuisance publicitaire. Le prix à payer : un impact un peu plus conséquent sur la CPU et parfois des questionnements éthiques.​

Les bons côtés de l’obfuscation made in AdNauseam

  • Protection accrue de la vie privée, avec une tactique plus agressive que le blocage passif.
  • Liberté d’expression algorithmique : brouiller les pistes revient à résister activement, ne pas se laisser réduire à un simple profil marketing.
  • Transparence et contrôle : l’utilisateur voit ses pubs récoltées dans un coffre-fort, preuve que tout est sous contrôle.
  • Action collective : l’effet est démultiplié quand des milliers d’utilisateurs participent, faisant plier les données globales.

L’obfuscation reste un art subtil, un jeu d’échecs numérique contre une industrie gourmande en données.​

Les mauvais côtés et points de tension

  • Click Fraud ? Petit débat éthique : certains considèrent le clic automatisé comme une forme de fraude, même si ici c’est un acte militant. Cela peut nuire aux modèles économiques des sites. Si un site renvoie des tonnes de clics de mauvaise qualité à un annonceur, ce dernier pourrait décider de ne plus s’afficher sur le site en question, remettant en cause la rentabilité de ce dernier.
  • Détectabilité : les réseaux publicitaires cherchent à repérer et bloquer ces clics bizarres, l’habituel duel sans fin.
  • Gaspillage programmé des ressources : certaines critiques pointent le côté “pollution” intentionnelle, qui peut aussi affecter négativement l’écosystème publicitaire. Si un pourcentage non négligeable d’internautes utilisent l’extension, cela va commencer à couter cher aux annonceurs alors que leurs annonces ne sont vues par aucun humain. Perte sèche d’argent et donc retrait de leurs campagnes.

La frontière entre résistance et sabotage peut parfois paraître floue, mais pour ses créateurs, la défense de la vie privée justifie ces tensions.​

Les coulisses de la guerre Google-AdNauseam

En janvier 2017, Google bannit AdNauseam du Chrome Web Store, invoquant la violation des conditions d’utilisation, notamment les clics automatiques. Les développeurs contestent vigoureusement, dénonçant un motif idéologique du GAFAM pour protéger son modèle économique publicitaire (Google vit en effet majoritairement de sa régie pub).

Cette décision force les utilisateurs à des installations plus techniques via GitHub et le mode développeur. Ce qui restreint le public. Le combat est symbolique d’une lutte plus vaste entre plateformes et outils d’émancipation numérique. Helen Nissenbaum et l’équipe militant pour un Web libre continuent de pousser à la démocratisation de cet outil militant face à la toute-puissance de Google.​

AdViewer, AdBlocker ou AdTrouble-Maker ?

AdNauseam n’est ni un simple bloqueur ni une extension anonyme de plus. C’est une arme de désinformation numérique en faveur de la vie privée face à l’industrialisation du suivi publicitaire. Son usage est à la fois militant et technique, conscient des compromis. Un peu plus d’impact sur la machine contre une liberté accrue pour son utilisateur.

A une époque où la surveillance devient la norme, AdNauseam invite à une navigation sous couvert de chaos organisé. Alors, prêt à semer le désordre dans votre profil publicitaire ?

Partager l'article sur les réseaux sociaux pour aider le site (merci !)