
Dans la galerie invisible où s’exposent les chefs-d’œuvre de l’esprit digital, un nouveau stylo s’active : il écrit, structure, cite, corrige… parfois plus vite que son ombre, parfois trop mécaniquement pour être vraiment inimitable. On avance à pas feutrés dans ce musée virtuel, traquant les faux-semblants, humant l’odeur de l’effort simulé, attendant le moment où la machine laissera filtrer le vrai souffle du talent. Voilà où commence le jeu : avec Aithor, on ne sait plus si l’auteur est un génie, un tricheur, ou simplement un étudiant malin qui veut gagner du temps sans perdre la face.
Aithor s’est imposé, en deux ans, comme le scribe numérique favori de ceux qui misent sur la vitesse et le confort – une interface intuitive, multilingue, qui propose la construction automatique de plans détaillés. Et surtout la génération quasi instantanée de dissertations, articles, revues de littérature ou études de cas avec autocitation conforme à tous les standards académiques. Bonus : il puise dans plus de 10 millions de sources PDF, se targue de vérifier l’orthographe, de suggérer titres et paragraphes structurés, et propose même une humanisation de contenu pour ceux qui veulent échapper (un peu) aux détecteurs d’IA.
Le décor est alléchant : l’étudiant procrastinateur y trouve la panacée, le créatif en panne d’inspiration, un co-auteur fiable, le chercheur pressé, une rampe de lancement efficace. On commence par un générateur de plans, puis le choix des sources de citation (Harvard, MLA, IEEE…), rédaction par section ajustable selon le nombre de jetons – le système est modulaire et gratifiant, sauf pour l’utilisateur qui espérait un vrai tout-gratuit.
Car une zone d’ombre subsiste : beaucoup de fonctions sont verrouillées derrière un abonnement premium (13.5€/mois). Et sur le plan purement créatif, Aithor a tendance à générer des textes génériques, parfois trop convenus, manquant du grain de folie qui distingue la grande dissertation de la copie standard.

L’atout maître ? Pour les devoirs courts, Aithor brille par sa rapidité et sa capacité à structurer le propos, éviter les redites et fournir une première couche argumentée à polir ensuite. Son outil « Disguise AI » camoufle le style robotique, en rendant le texte plus humain et fluide – bien vu, quand l’objectif est de contourner les détecteurs d’automatisation qui fleurissent dans les universités. Mais la customisation, vantée comme son point fort, reste parfois limitée : il peut peiner à suivre un ton précis (ex. : Mark Twain ou Camus ?), et n’échappe pas au syndrome du français parfois un peu daté. Pour les exigences ultra-pointues – citations fines, intégration de sources personnelles, formatage original – certains concurrents l’emportent.
Pour le contenu de fond, Aithor propose aussi des outils de révision, d’expansion ou de contraction, de traduction multilingue, et offre une assistance à l’organisation de larges volumes d’informations. Il facilite l’accès à de nouvelles perspectives, propose des recherches croisées et aide à développer des arguments bien étayés avec des citations précises. Mais il ne faut jamais oublier que ses suggestions, aussi lumineuses soient-elles, nécessitent un solide travail de vérification manuelle pour éviter l’écueil du faux sens ou de l’erreur subtile.
Le tableau n’est pas totalement idyllique : absence d’authentique correcteur grammatical ou de détecteur de plagiat intégré ; export documentaire réservé aux abonnements payants ; impossibilité d’importer ses propres sources sur le plan gratuit ; ergonomie parfois basique, parfois lourde. La plateforme séduit par son accessibilité et son UX, mais gagne à être couplée à une relecture attentive et une post-production sérieuse pour s’approcher vraiment des standards universitaires.
Aithor reste un outil précieux pour tous ceux qui cherchent un tremplin rapide, une trame solide et des citations automatiques. Il fait gagner un temps précieux, structure le propos, booste la productivité. Mais dans la quête du texte parfait, l’humain reste maître : le grain d’originalité, la profondeur stylistique et la vraie pertinence académique exigent encore l’intervention de la plume ou du clavier.







